3 accidents

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3. Exemples d’accidents provoqués par des véhicules inutilement rapides.

La circulation à grande vitesse sur des chaussées qui ne sont pas destinées à un tel usage, dans un contexte caractérisé par la présence d’une majorité d’usagers circulant à des vitesses nettement plus basses, produit des accidents qui se traduisent souvent par des drames humains.

La typologie de ces accidents est bien connue des accidentologistes. Il est important d’en décrire quelques exemples concrets pour mettre en évidence leurs caractéristiques et prouver qu’ils ne surviennent pas tous sur des autoroutes de liaison limitées à 130 km/h.

3.1. Le choc arrière contre un véhicule qui circule à une vitesse normale.

Le 31 mars 2001, une Porsche roule sur la RD 307 dans le sens Versailles-Saint Nom la Bretèche à très grande vitesse, entre 160 et 190 km/h d’après les traces de ripage et de freinage et les conséquences du choc frontal qui a suivi. Sur cette route à deux fois deux voies séparées par un terre plein et un muret, la vitesse est limitée à 70 km/h puis à 90 km/h à la fin de la courbe où s’est produit l’accident. Le conducteur est un homme de 50 ans qui possède son véhicule acheté neuf depuis deux mois. A la sortie d’une grande courbe à gauche, sans visibilité vers l’avant, il se retrouve derrière deux véhicules dont l’un dépasse l’autre, son conducteur reconnaîtra rouler à environ 110 km/h lors de ce dépassement. La vitesse de la Porsche est telle que son conducteur ne peut la freiner dans l’espace qui le sépare de ces deux véhicules occupant les deux voies de la chaussée, il tente alors de les dépasser par la droite en utilisant une piste cyclable et le bas côté, amorce un dérapage de l’arrière, traverse les deux voies en laissant une longue trace de ripage et de freinage, franchit la bordure en béton et le terre plein central en sectionnant un lampadaire, puis retombe dans un choc frontal contre l’avant d’une Renault 5 circulant en sens inverse, qui sera elle même heurtée par une Renault Espace qui la suivait. Le conducteur de la Porsche, le conducteur et le passager de la Renault 5 sont tués, deux personnes sont blessées gravement et trois autres légèrement. Un tel accident était impossible sans les performances de la Porsche. Un véhicule faisant un grand excès de vitesse à ce niveau en roulant à 130 km/h au lieu de 70 aurait eu une distance suffisante pour freiner sans heurter ou avoir à dépasser par la droite les deux véhicules qui occupaient les deux voies de la chaussée. Du fait de l’impossibilité de ralentir suffisamment le conducteur a entrepris une manœuvre qui a provoqué une perte de contrôle. Cette dernière est un phénomène chronologiquement secondaire à l’élément causal initial qui est le grand excès de vitesse ne permettant pas un ralentissement suffisant.

Le 21 avril 2001, sur l’autoroute A6 en direction d’Orly (autoroute de dégagement à deux voies limitée à 110 km/h), une Citroën AX occupée par cinq personnes s’engage sur l’autoroute à partir d’une bretelle d’accès et occupe la voie de droite de cette autoroute. Une Renault Clio qui la suit entreprend de la dépasser, sa conductrice indique une vitesse de 90 km/h lors de ce dépassement. Derrière ces deux véhicules occupant normalement les deux voies de l’autoroute, le conducteur d’une Citroën XM capable de rouler à 200 km/h se trouve confronté à l’impossibilité de doubler ou de freiner compte tenu d’une vitesse estimée par l’expert désigné par la juge d’instruction à environ 160 km/h. Le conducteur de ce véhicule est par ailleurs sous l’influence d’une alcoolémie à 1,05 g/l qui a pu réduire ses capacités de réaction. Ne pouvant dépasser les deux véhicules qui le précédaient, il a heurté d’abord très violemment la Citroën AX qui a été projetée vers la droite, son réservoir d’essence a été détruit et le véhicule s’est enflammé immédiatement, ses cinq occupants sont morts brûlés. Malgré le ralentissement provoqué par ce choc, la Citroën XM a été rejetée sur la chaussée de gauche heurtant alors la Renault Clio. Un tel accident était impossible sans les performances de la Citroën XM. Les capacités du conducteur de ce véhicule étaient évidemment diminuées par son alcoolémie et notamment sa capacité de percevoir le risque, mais la typologie de l’accident met bien en évidence la confrontation à une situation ingérable à sa vitesse de circulation. Cette situation est très différente d’une perte de contrôle, il s’agit d’une incapacité physique pour le véhicule de ralentir suffisamment pour éviter une collision du fait des limites de ses possibilités de freinage au moment où le conducteur perçoit l’impossibilité de dépasser les véhicules qui le précèdent.

3.2. Le choc contre un obstacle imprévu, notamment après un premier accident.

L’accident survenu à Loriol le 29 novembre 2002 illustre cette typologie d’accident fréquente sur tous les types de voies. Il a coûté la vie à cinq pompiers intervenant sur un premier accident dans une zone de travaux de l’autoroute A6 où la vitesse était limitée à 90 km/h. Un véhicule Mercedes roulant à une vitesse très supérieure à 130 km/h n’a pu ralentir suffisamment et éviter une série de collisions avec les membres de l’équipe de secours, malgré un freinage attesté par un pompier survivant placé en amont du choc et qui a vu les stop de la Mercedes s’allumer (ce qui exclut l’hypothèse du malaise du conducteur). Deux pompiers ont été projetés dans la Drôme et trois autres tués sur la chaussée. Entre 130 et 160 km/h, la différence d’énergie cinétique, donc de distance d’arrêt, est de 50%.

3.3. La perte de contrôle.

C’est une forme d’accident très fréquente, illustrant à la fois les connaissances sur les capacités humaines et les données statistiques concernant la croissance exponentielle du risque avec la vitesse de circulation. Elle doit être redoutée quand un usager utilise un véhicule inutilement rapide pour « l’essayer » et tester ses possibilités. L’accident survenu à Vitry sur Seine le 26 mai 2002 et qui avait provoqué la mort d’une femme et de ses deux enfants relève de cette forme de surrisque lié aux caractéristiques d’un véhicule que l’usager novice ne maîtrise pas. Le conducteur de la Porsche (220 chevaux, vitesse maximale 250 km/h) utilisait ce véhicule pour la première fois, il a emprunté la voie centrale de l’avenue Youri Gagarine, réservée aux autobus et séparée physiquement par des arbres de la chaussée utilisable par les autres usagers, pour accélérer très rapidement et atteindre une vitesse qui a dépassé ses capacités de contrôle, le véhicule a quitté sa voie, est monté sur le trottoir au niveau d’un abribus et a tué trois personnes, quatre autres ont été blessées.

La perte de contrôle peut être provoquée par un problème technique sur le véhicule, dû à l’excès de vitesse, c’est un fait rare. Le 25 septembre 2001 sur l’autoroute A13 cinq jeunes adultes reviennent de Caen vers Paris. Le conducteur veut  tenter de dépasser 200 km/h avec sa Renault Clio en utilisant une descente près de Val de Reuil pour atteindre cette vitesse et attester l’exploit par une photographie du compteur. Un pneu éclate et le véhicule se retourne, une passagère est éjectée et meurt sur le coup, deux autres passagers sont gravement blessés.

3.4. Les comportements de jeu et de compétition en dehors de toute organisation.

Un véhicule conçu pour atteindre des vitesses très élevées, sans rapport avec la réglementation, incite à des comportements en relation avec sa conception. Les deux accidents résumés ci-dessous entrent dans ce domaine de comportements relevant de la compétition sur des routes non fermées à la circulation.

Le 10 juillet 1998 une jeune femme décède avec ses trois enfants sur l’autoroute du nord à la suite de l’incendie de sa voiture, heurtée par deux  BMW engagées dans un slalom entre les véhicules utilisant normalement cette voie. Les vitesses ont été estimées à 180-190 km/h, l’un des véhicules a heurté l’arrière de la Peugeot 106 conduite par la victime, ce véhicule léger a été déséquilibré, puis heurté à grande vitesse par le second véhicule.

Le 17 juin 2002, deux hommes veulent comparer les mérites de leurs véhicules respectifs, une Lamborghini et une Ferrari. Ils démarrent côte à côte sur le Boulevard du Midi à Cannes vers 22h40. Des témoins décrivent un spectacle de compétition et des vitesses de 180-200 km/h sur cette voie limitée à 50 km/h. Un jeune Allemand qui venait d’arriver en vacances à Cannes et traversait le boulevard a été tué.